«Territoire ruraux, Territoires de culture» Projet soutenu par la DRAC Basse Normandie

Les Gaïné Une caste de musiciens «intouchables» du Népal

Avant son unification au XVIIIème siècle, le Népal était constitué d’une mosaïque de quarante royaumes indépendants.

C’est entre le XIII ème et le XVIII ème siècle que des musiciens, appelés GAINE seraient venus du Nord de l’Inde offrir leur services consistant à chanter les louanges et les exploits des petits rois. En échange les Gaine ont reçu quelques lopins de terre pour construire leurs masures.


La seule fonction des Gaine, nés musiciens, est d’être ....  musicien. Ils ne possèdent pas de terre à cultiver et ne peuvent en acquérir. Ils n’ont pour survivre que l’obole qu’ils reçoivent éventuellement en échange de leurs chants (accompagnés de leur sarangi (vièle) et qu’ils proposent de maisons en maisons : telle est leur condition.



Aujourd’hui les Gaine n’ont plus de mécènes et leur survie est liée à ce qu’ils reçoivent lors de leurs quêtes itinérantes.


En Inde comme au Népal, dans les populations de religion hindouiste, le statut d’une personne se situe par rapport à son appartenance à une « caste » ou « jati » signifiant naissance ou classe. Le « critère de l’eau » permet de distinguer les castes pures des castes impures dont on ne peut accepter de recevoir de l’eau sans encourir un impureté requérant un rite de purification.


Si cette dichotomie de la société est de nature religieuse, elle est aussi à considérer en terme de complémentarité.


Par exemple pour accomplir la plupart des rites religieux ou auspicieux, la présence du Brahmane de haute caste, est aussi primordiale que celle des musiciens qui constituent pourtant la plus basse des castes de la « hiérarchie, appelées aussi castes intouchables.


Au Népal, bien que le système n’ait plus d’existence officielle depuis 1963, on ne peut constater encore aujourd’hui qu’il est toujours présent comme en témoigne l’existence de fontaines réservées aux « intouchables », ou l’interdiction faite aux basses castes de pénétrer dans les temples les plus sacrés. Cette distinction se renforce par le fait qu’il n’y a pas d’échange entre castes car les alliances sont endogames : seuls les membres d’une même caste peuvent se marier entre eux, du moins dans les campagnes.

Il en est ainsi pour la «caste» des Gaine, mendiants chanteurs que l’on rencontre encore à Kathmandou ou dans l’ouest du Népal, et pour qui le mariage préférentiel se fait avec la cousine croisée matrilatérale.


Si la situation des Gaine est difficile, il n’en reste pas moins qu’ils gardent une haute considération de leur rôle en se faisant appeler Gandharva ce qui dans les veda, désigne les êtres intermédiaires des paradis divins, dont l’une des fonctions principales était d’exécuter musiques et danses en l’honneur des Dieux et des Boudhas.


Pour les plus anciens, il leur reste quelques fonctions religieuses , notamment lors de la fête de Dasain où ils chantent le malsiri de maison en maison  en l’honneur de la déesse Durga.



FILM

Un film video, réalisé en 1989 par Jean Galodé et Catherine Bonaldi, illustre le contexte contemporain des Gaïne.


Le premier film Les Gaine, une caste de musicien au Népal (46’), relate le quotidien des musiciens de Kathmandou, puis des villages où les plus anciens chantent encore les kharha, textes épiques relatant les grands événements historiques comme la bataille contre les anglais.


Le second film Alliances (26’)  illustre un mariage dans la caste des Gaïne


Ces films ont été réalisés avec le soutien du CNRS : Mireille Helffer, Corneille Jest, Gérard Toffin et Philpippe Ramirez


Les traductions sont de Ram Panday, professeur à l’INALCO, et de Kalpana Gimire, centre culturel français de Kathmandu.